Accueillir l’idée avant d’écrire l’histoire.

Comment éviter la plupart des problèmes d’un scénario ou d’une histoire quand on est auteur ? En mûrissant l’idée. Malheureusement, si toutes les étapes préparatoires à l’écriture sont cruciales, elles sont aussi les grandes oubliées des livres de dramaturgie... Voici trois questions que les auteurs ne se posent pas assez souvent.

Lorsqu’une histoire est en panne ou ne donne pas satisfaction, dans 62 % (*) des cas l’origine du problème remonte aux toutes premières phases de réflexion autour de l’idée. Il est alors rageant et décourageant de devoir jeter une partie de scénario et réécrire... De nombreux projets sont purement abandonnés ou remis à plus tard sine die, en attendant de retrouver la flamme ! La faute de l’auteur ? Oui et non.

Pour enseigner le scénario dans différents cadres, il faut admettre que nous avons tellement de notions à faire passer qu’il est assez naturel de se concentrer sur ce qui semble le plus technique dans le programme : nous manquons souvent de temps. Or c’est précisément cette notion qui devrait être enseignée... Le temps de penser son idée, de la mûrir, de la questionner ; le temps d’explorer la symbolique ; le temps de forger son point de vue ; le temps d’analyser les problèmes et de chercher la bonne stratégie, le temps de gérer le temps du récit… Certains auteurs négligent donc parfois ce travail et se lancent un peu trop rapidement en écriture.

Bien entendu, chacun fait "sa tambouille" dans sa cuisine de scénariste. On affine ses propres stratégies pour concevoir ses histoires grâce à la pratique, mais aussi selon sa personnalité, plutôt émotionnelle ou rationnelle. Malgré tout, il est toujours bon de posséder le maximum de techniques ou de questionner ses habitudes.

Nous avons tiré de nos expériences de scriptdoctoring, la formation "Bien démarrer son projet" qui invite les auteurs à revisiter leur processus créatif et à se poser les bonnes questions. Nous proposons aussi une consultation individuelle pour aider les scénaristes et réalisateurs à conduire ces premières étapes en étant guidés ou en trouvant immédiatement une altérité pour les faire se questionner.

Alors qu’ils en sont parfois à un stade assez avancé dans leur projet, les auteurs sont surpris de devoir répondre à ces questions :

• D’où vient cette idée et pourquoi apparaît-elle maintenant ?
  Cette question (et bien d’autres autour) interroge le lien intime qui réside entre l’auteur et sa création, dès l’origine. C’est la façon personnelle avec laquelle vous abordez les choses qui fera d’une "simple" histoire d’amour une œuvre singulière... Une idée, cela peut être beaucoup de choses — un personnage, une envie, un décor, une réplique... – mais d’où provient la première étincelle et pourquoi met-elle votre cerveau en ébullition ?
• Qu’est-ce que vous savez et qu’est-ce que vous ignorez au sujet de votre idée ?
  Ce premier état des lieux permet de situer cette idée, mais aussi de faire le point sur vos préjugés et manques d’information. Ceci pour peut-être vous documenter, autant pour étendre cette idée, l’enrichir que d’évaluer sa vraisemblance, sa vérité. Mais dans ce que vous ignorez, il y a aussi ce que vous avez ENVIE de savoir, ce qui pique votre curiosité, comme celle de votre futur spectateur ou lecteur. Quel désir naît avec l’idée ?
• Pourquoi ai-je besoin de cette idée ?
  Il est déjà temps de s’interroger sur la portée de cette idée. Quel type de brasier cette étincelle est-elle capable d’allumer ? Comment l’évaluer et s’en servir, que permet-elle de faire ou de démontrer ? Des idées, tout le monde en a. C’est la façon de les travailler et de les utiliser qui les rend uniques et originales. Mais si cette idée n’existait pas, de quoi seriez-vous privé ?